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PRÉFACE.

connaît) les lacunes, les vices, les fâcheuses tendances de ces systèmes ; car de dire où ils pèchent radicalement en faisant subir à leur principe la confrontation d’un principe supérieur, c’est tout autre chose. Mais on peut, sans être aussi bon dialecticien que Socrate, les pousser à l’absurde sur bien des points, et, sans avoir la force comique d’Aristophane, nous égayer à leurs dépens en rajeunissant le thème classique, bien qu’un peu usé, des nuages de la Germanie…

« On a aussi proposé d’autres doctrines, d’autres systèmes, mais ces prétendus systèmes n’ont jamais pu parvenir à s’organiser, à se formuler nettement et d’une manière complète. Ce sont des solutions partielles à divers problèmes, très-importants sans doute, mais sans portée universelle. Les questions sociales, industrielles, historiques ou religieuses y jouent un rôle exclusif, absorbent, effacent tout le reste, sont données comme l’objet suprême et unique vers lequel doivent tendre tous les efforts de l’esprit humain. La métaphysique, cette science générale des principes, y est oubliée, dédaignée ou ajournée, et, dans ce dernier cas, doit éclore du système qu’elle devait engendrer…

« Nous ne reconnaissons dans ces travaux ou ces essais aucun des caractères qui constituent un système philosophique. De vrais systèmes, nous n’en voyons nulle part autour de nous dans ce qui se donne ou est donné pour l’être. Aucune de ces productions ne nous parait capable de soutenir une pareille prétention et de remplir les obligations qu’elle impose. Ces caractères, nous ne les trouvons que dans les systèmes qui marquent le développement de la philosophie allemande, et dont le nombre est fort restreint. Ils se réduisent à quatre, dont le nom vient à la bouche de quiconque cherche à articuler les degrés de ce développement. Ce sont ceux de Kant, de Fichte, de Schelling et de Hégel. Et encore faut-il simplifier cette liste, car tout le monde sait que les deux premiers représentent la même idée dans ses deux phases successives, et que les derniers, quelles que soient leurs différences profondes, et malgré les dissidences qui ont éclaté entre les auteurs et leurs écoles rivales, marquent l’avénement et la domination d’un même principe, différemment formulé