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iv
PRÉFACE.

entre les questions douteuses et celles qui ne le sont point n’est pas facile à saisir. Autant vaudrait avouer que les sciences positives aiment bien la métaphysique qui n’est point douteuse. Mais alors elles font comme tout le monde ; tous, nous préférons le clair et nous n’aimons pas l’obscur

Aussi nous sommes-nous efforcés de vaincre les difficultés de ce travail, et peut-être certains esprits métaphysiques le trouveront-ils trop clair ? — Soit ; nous osons être clairs dans un sujet obscur. Voyons ce qu’en diront d’une part les esprits bien clairs, et d’autre part les esprits bien obscurs.

Nous demandons la permission de reproduire, en terminant, plusieurs fragments de la belle préface que M. Bénard a mise en tête de sa traduction des écrits de Schelling :

« Les systèmes de la philosophie allemande ont un avantage incontestable sur toutes les productions plus ou moins philosophiques auxquelles on a coutume de prodiguer ce nom : c’est que, quels que soient leurs défauts, leurs erreurs, leur obscurité, ce sont de véritables systèmes…

« Aujourd’hui, il est vrai, ces systèmes sont entrés dans une phase de décadence. La critique les a battus en brèche et harcelés pendant cinquante ans, et, malgré son impuissance à fonder, elle leur a porté plus d un coup meurtrier, fait plus d’une blessure incurable. Le temps, d’ailleurs, qui fait vieillir les systèmes aussi bien que les hommes et les sociétés, a gravé sur leur front des rides profondes. Les idées ont marché, quoique d’une manière latente ; les sciences particulières ont fait des découvertes ; l’expérience a révélé des faits nouveaux qui leur sont peu favorables. Ils ont eu l’irréparable tort de se mettre ouvertement en opposition avec le sens commun en des points graves où celui-ci jamais ne transige et où les systèmes sont forcés, tôt ou tard, de capituler. En un mot, ils sont convaincus de ne pas satisfaire, de tout point, la raison, et de répondre encore moins aux éternels besoins du cœur humain. Plusieurs conséquences hostiles à la morale, à la religion, à ce que le monde révère ou adore, ont été mises à nu par les adversaires, ou hardiment démasquées par les disciples eux-mêmes…

« Rien donc n’est pins facile que de montrer (quand on les