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REMARQUES.
VIII.

Nous avons vu que les catégories fournies par le langage et critiquées par la philosophie sont douteuses. Réveillée par la logique de Hegel, la question de leur valeur s’offre encore à nous sous une autre forme, celle de la méthode. Là surtout, Hegel se montre l’adversaire de Kant.

Après avoir distingué les jugements analytiques, qui ne sont que des définitions explicatives, d’avec les jugements synthétiques, qui nous apportent de nouvelles notions, Kant se demande comment il peut exister des jugements synthétiques à priori, ou comment nous pouvons concevoir à priori des idées nouvelles. J’admets et je comprends, disait-il, que l’empirisme nous procure des idées nouvelles, mais en dehors de l’empirisme je ne vois pas que nous puissions aller d’une idée à une autre, différente de la première, mais seulement à une idée déjà contenue dans celle que nous posons d’abord. Il n’y a donc point de jugements synthétiques à priori. D’où il conclut que nous ne pouvons rien connaître qui ne soit donné par l’empirisme, et que, par conséquent, nous ne pouvons rien savoir de certain sur ce qui est transcendant et nous intéresse le plus, comme Dieu, la création, l’immortalité de l’âme, etc. Ainsi parlait Kant, du moins dans sa philosophie théorétique ou spéculative, tandis que dans sa philosophie pratique, et sans qu’un puisse deviner pourquoi, il affirmait que l’homme trouvait dans sa