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REMARQUES.

au moyen desquelles avance la philosophie de Hegel, aient pu si longtemps passer dans toute l’Allemagne pour une méthode sérieuse. Peut-on croire que les variétés si riches qui nous entourent, comme la vie, l’esprit, l’âme, l’amour, la vertu, etc., soient partout et toujours le résultat d’une même trilogie : thèse, antithèse, synthèse. Trop monotone ou trop uniforme pour l’homme, cette marche dialectique le serait encore bien plus pour l’absolu ou Dieu, qui cependant, selon Hégel, aurait dû suivre constamment cette marche sans en dévier jamais dans aucun de ses développements.

On peut établir, je crois, que l’absence de méthode est ce qui pousse réellement le philosophe. Il faut qu’on ne soit jamais content de ses découvertes ; c’est le seul conseil à donner à ceux qui demandent une méthode dans la recherche de la vérité, et c’était aussi sans doute la méthode de Hégel. Dès qu’une forme se présentait, il la niait ou il lui faisait une opposition directe, et grâce à cette opposition, sa forme prenait un nouvel aspect. Et quand il croyait avoir embrassé ou saisi les catégories à l’aide de sa méthode, ce n’était en réalité que la force prodigieuse de son génie qui les avait pénétrées sans l’assistance de sa méthode. C’est pourquoi la doctrine de Schelling, qui dit qu’au lieu de méthode le philosophe arrive par intuition spontanée aux idées nouvelles, me parait la seule vraie, jusqu’à ce que nous arrivions, si c’est possible, au dernier degré de la connaissance. Car une pensée n’existe que virtuellement tant qu’elle n’est pas formulée dans le langage, et la langue, comme les idées antérieures, sont autant de