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REMARQUES.

chaînes ou d’entraves dont le moi se délivre en se plongeant dans les profondeurs mystérieuses de son unité. Toutes les fois qu’il recherche des idées nouvelles, le moi se ramène à l’état naissant (status nascens), pour se fixer ou se cristalliser aussitôt après. La forme qu’il avait auparavant doit s’effacer ou se taire un moment, mais pour embrasser le moment d’ensuite une forme ou une cristallisation nouvelle. La méthode de Schelling est cet état naissant, état nécessaire, mais non définitif. Répétons-le donc : c’est en ne se disant jamais content de la forme à laquelle il arrive, que l’esprit atteste et prouve sa liberté absolue ; car aussitôt qu’une forme le satisfait, elle le domine ; il en devient l’esclave. Mais, d’autre part, s’il voulait être toujours et tout à fait libre, il n’aurait plus de connaissance. Il faut donc que la forme et la liberté se succèdent et s’interrompent sans cesse pour se faire équilibre.

La seule méthode possible et vraie est donc celle que Schelling a caractérisée lorsqu’il a dit que le moi se plonge dans la profondeur de son essence informe pour y puiser les formes ou catégories nouvelles qu’il met au jour. Mais nous avons déjà vu que chaque catégorie prise isolément ne saurait être vraie, et nous voyons maintenant que la méthode de Schelling, dans le sens que nous lui revendiquons ici, suppose que toutes les catégories ensemble marchent d’accord vers la vérité sans pouvoir jamais la saisir entièrement. Ce double résultat nous place entre la modestie excessive de Kant et la prétention orgueilleuse de Hegel, et la croyance conserve en outre, dans cette méthode, sa valeur abso-