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REMARQUES.

lue. Car si, d’un côté, notre entendement n’arrive jamais à une connaissance parfaite et absolue de Dieu, nous pouvons être certains, d’un autre côté, que grâce à la conscience, cette connaissance ne nous fait pas défaut dans la pratique de la vie. En effet, avant même que notre esprit ait pu, à l’aide de catégories, se faire une idée nette et précise du devoir, la conscience commande impérieusement ce qu’il faut faire ou omettre, à tel point que parfois l’intervention des catégories attriste et fausse les intuitions de la conscience, et que tout un peuple se laisse quelquefois entraîner par de faux raisonnements en dehors de la ligne droite, en supposant vertueuses ou coupables des actions particulières qui ne le sont pas. Nous ne devons donc pas tant regretter l’insuffisance du savoir, qu’en tirer au contraire une grande satisfaction, puisque l’immense majorité des individus n’arrive jamais au degré le plus élevé de la science à chaque époque, tandis que tous sont également tenus de pratiquer la vertu. Quand on accomplit un acte, ce n’est pas une ou plusieurs des catégories du moi qui s’y trouvent intéressées ; c’est le moi tout entier qui agit, tandis que l’entendement n’avance qu’en se partageant. Ce n’est donc pas le Vrai, mais le Bien, qui est réellement notre but ; nous possédons l’idéal, non comme distinct, mais comme instinct ; non dans la connaissance, mais dans la conscience.

fin.