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DES JUGEMENTS.

dentel ou historique, et ne devrait pas exister puisque le jugement que je dois porter n’existe pas encore. Ce n’est donc qu’un son, un suppôt, une chose posée sans attributs ni qualités, qui va recevoir sa détermination, mais qui ne l’a pas encore, et qui, par conséquent, n’est absolument rien par elle-même. C’est pourquoi les scolastiques, qui n’avaient pas conscience de cette vacuité du sujet, ne pouvaient, dans leurs disputes, aboutir à rien. Car ces logiciens et tous les modernes, à leur exemple, disent au contraire, ou tout au moins laissent supposer, que les deux termes qu’on a nommés les extrêmes du jugement, le sujet et le prédicat, sont deux choses ou substances également réelles, ayant la même valeur, existant au même titre et sur la même ligne, se rencontrant ici ou là dans le monde, à une certaine distance l’une de l’autre, et que l’intelligence de l’homme unit ou rapproche en faisant un jugement. Or, cette hypothèse est déjà en contradiction manifeste avec l’opinion commune et 5vec la langue, suivant laquelle la copule est, qui joint le sujet au prédicat, dit que le premier est le second ; ce qui montre bien que l’acte de notre esprit, appelé jugement, ne réunit point deux choses qui, sans lui, seraient séparées, mais au contraire qu’il sépare ou divise en deux parties nommées sujet et prédicat, des choses ou des notions qui,