Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/72

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fort ou du plus frippon, ce seroit un terrible remede que la conquête pour nous en débarrasser. C’est cependant l’unique moyen, si la voix des sages se mêle à l’intérêt des puissances pour les ériger en propriétés légitimes. Et quelles propriétés que celles d’un petit nombre, nuisibles à tous, à ceux même qui les possedent, et qu’elles corrompent par l’orgueil et la vanité ! En effet, si l’homme n’est heureux que par des vertus, et par des lumieres qui en assurent le principe, quelles vertus et quels talents attendre d’un ordre d’hommes qui jouissent de tout et peuvent prétendre à tout dans la société par le seul privilege de leur naissance ? Le travail de la société ne se fera que pour eux ; toutes les places lucratives et honorables leur seront dévolues ; le souverain ne gouvernera que par eux, et ne tirera des subsides