Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/108

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Exposés à tant d’erreurs, il est donc très difficile de se faire des notions nettes de l’amitié. Mais, dira-t-on, quel mal à s’exagérer un peu la force de ce sentiment ? Le mal d’habituer

    gens comme des poltrons qui racontent toujours leurs exploits. Que ceux qui se disent si susceptibles de sentiments d’amitié lisent le Toxaris de Lucien ; qu’ils se demandent s’ils sont capables des actions que l’amitié faisoit exécuter aux Scythes et aux Grecs. S’ils s’interrogent de bonne foi, ils avoueront que dans ce siecle on n’a pas même d’idée de cette espece d’amitié. Aussi, chez les Scythes et les Grecs, l’amitié étoit-elle mise au rang des vertus. Un Scythe ne pouvoit avoir plus de deux amis ; mais, pour les secourir, il étoit en droit de tout entreprendre. Sous le nom d’amitié, c’étoit en partie l’amour de l’estime qui les animoit. La seule amitié n’eût pas été si courageuse.