Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/113

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lités à nos amis[1], c’est que ces qualités nous sont inutiles ; c’est qu’on n’a plus de secrets importants à se confier, de combats à livrer ; et qu’on n’a par conséquent besoin, ni de la prudence, ni des lumieres, ni de la discrétion, ni du courage, de son ami.

Dans la forme actuelle de notre

  1. Dans ce siècle l’amitié n’exige presque aucune qualité. Une infinité de gens se donnent pour de vrais amis, pour être quelque chose dans le monde. Les uns se font solliciteurs bannaux des affaires d’autrui, pour échapper à l’ennui de n’avoir rien à faire ; d’autres rendent des services, mais les font payer à leurs obligés du prix de l’ennui et de la perte de leur liberté ; quelques autres enfin se croient très dignes d’amitié, parce qu’ils seront sûrs gardiens d’un dépôt, et qu’ils ont la vertu d’un coffre-fort.