Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/114

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gouvernement, les particuliers ne sont unis par aucun intérêt commun. Pour faire fortune on a moins besoin d’amis que de protecteurs. En ouvrant l’entrée de toutes les maisons, le luxe, et ce qu’on appelle l’esprit de société, a soustrait une infinité de gens au besoin de l’amitié. Nul motif, nul intérêt suffisant pour nous faire maintenant supporter les défauts réels ou respectifs de nos amis. Il n’est donc plus d’amitié[1] ; on n’attache donc plus au mot d’ami les mêmes idées qu’on y attachoit autrefois ; on peut donc en ce siecle s’écrier avec Aristote[2], Ô mes amis ! il n’est plus d’amis.

  1. Aussi, dit le proverbe, faut-il se dire beaucoup d’amis, et s’en croire peu.
  2. Chacun répete, d’après Aristote, qu’il n’est point d’amis ; et chacun en particulier soutient qu’il est bon ami. Pour