Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

non qu’ils n’en soient susceptibles : Ce sont souvent, comme l’a dit une femme de beaucoup d’esprit, moins des hommes insensibles que des hommes désabusés.

    les sentiments de tendresse que les passions vives nous forcent à rassembler sur un seul individu. Bien différent de ces hommes qui ne sont bons que parce qu’ils sont dupes, et dont la bonté diminue à proportion que leur esprit s’éclaire, le seul sage peut être constamment bon, parce que lui seul connoît les hommes. Leur méchanceté ne l’irrite point. Il ne voit en eux, comme Démocrite, que des fous ou des enfants contre lesquels il seroit ridicule de se fâcher, et qui sont plus dignes de pitié que de colere. Il les considere enfin de l’œil dont un méchanicien regarde le jeu d’une machine : sans insulter à l’humanité, il se plaint de la nature qui attache la conservation d’un être à la destruction d’un autre ; qui, pour se