Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/179

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tu cesseras de rendre les Perses heureux ». Vérité dont Trajan paroissoit pénétré, lorsqu’élevé à l’empire, et faisant, selon l’usage, présent d’une épée au préfet du prétoire, il lui dit : « Recevez de moi cette épée, et servez-vous en sous mon regne, ou pour défendre en moi un prince juste, ou pour punir en moi un tyran. »

Quiconque, sous prétexte de maintenir l’autorité du prince, veut la porter jusqu’au pouvoir arbitraire, est à-la-fois mauvais pere, mauvais citoyen, et mauvais sujet : mauvais pere et mauvais citoyen, parce qu’il charge sa patrie et sa postérité des chaînes de l’esclavage ; mauvais sujet, parce que changer l’autorité légitime en autorité arbitraire c’est évoquer contre les rois l’ambition et le désespoir. J’en prends à témoin les trônes