Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/215

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hommes vertueux ne sont plus en assez grand nombre dans une nation pour y donner le ton, elle le reçoit nécessairement des gens corrompus. Ces derniers, toujours intéressés à ridiculiser les sentiments qu’ils n’éprouvent pas, font taire les vertueux. Malheureusement il en est peu qui ne cedent aux clameurs de ceux qui les environnent, qui soient assez courageux pour braver le mépris de leur nation, et qui sentent assez nettement que l’estime d’une nation tombée dans un certain degré d’avilissement est une estime moins flatteuse que déshonorante.

Le peu de cas qu’on faisoit d’Annibal à la cour d’Antiochus a-t-il déshonoré ce grand homme ? La lâcheté avec laquelle Prusias voulut le vendre aux Romains a-t-elle donné atteinte à la gloire de cet illustre Carthaginois ?