Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/219

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nement il y exhorte les citoyens à le venger, à punir l’injustice, à secouer le joug de la tyrannie ; par-tout, dit Plutarque, il ne trouve que d’immobiles admirateurs. Il ne restoit à ce peuple vil et lâche que l’espece de courage qui fait admirer les grandes actions, non celui qui les fait exécuter.

Comment un peuple esclave résisteroit-il à une nation libre et puissante ? Pour user impunément du pouvoir arbitraire, le despote est forcé d’énerver l’esprit et le courage de ses sujets. Ce qui le rend puissant au dedans le rend foible au dehors : avec la liberté, il bannit de son empire toutes les vertus ; elles ne peuvent, dit Aristote, habiter chez des ames serviles. Il faut, ajoute l’illustre président de Montesquieu, que nous avons déjà cité, commencer par être mauvais citoyen