Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/40

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l’homme capable de recevoir des impressions de plaisir et de douleur, et naître, pour ainsi dire, avec l’amour de l’un et la haine de l’autre. Tel est l’homme au sortir des mains de la nature.

Or, dans cet état, l’envie, l’orgueil, l’avarice, l’ambition, n’existoient point pour lui : uniquement sensible au plaisir et à la douleur physique, il ignoroit toutes ces peines et ces plaisirs factices que nous procurent les passions que je viens de nommer. De pareilles passions ne nous sont donc pas immédiatement données par la nature ; mais leur existence, qui suppose celle des sociétés, suppose encore en nous le germe caché de ces mêmes passions. C’est pourquoi, si la nature ne nous donne en naissant que des besoins, c’est dans nos besoins et nos premiers desirs