Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/87

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qu’une passion factice qui suppose la connoissance du beau et de l’excellent. Or l’excellent ou le beau ne sont autre chose que ce que le plus grand nombre des hommes a toujours regardé, estimé et honoré, comme tels. L’idée de l’estimé a donc précédé l’idée de l’estimable. Il est vrai que ces deux idées ont dû bientôt se confondre ensemble. Aussi l’homme qu’anime le noble et superbe desir de se plaire à lui-même, et qui, content de sa propre estime, se croit indifférent à l’opinion générale, est en ce point dupe de son propre orgueil, et prend en lui le desir d’être estimé pour le desir d’être estimable.

L’orgueil, en effet, ne peut jamais être qu’un desir secret et déguisé de l’estime publique. Pourquoi le même homme qui dans les forêts de l’Amérique tire vanité de l’adresse, de la