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trait ; il feroit peut-être un beau tableau, mais jamais un tableau ressemblant. L’esprit ne devinera jamais le langage du sentiment.

Rien de plus insipide pour un vieillard que la conversation de deux amants. L’homme insensible, mais spirituel, est dans le cas du vieillard ; le langage simple du sentiment lui paroît plat ; il cherche, malgré lui, à le relever par quelque tour ingénieux qui décele toujours en lui le défaut de sentiment.

Lorsque Pelée brave le courroux du ciel, lorsque les éclats du tonnerre annoncent la présence du dieu son rival, et que Thétis intimidée, pour calmer les soupçons d’un amant jaloux, lui dit :

Va, fuis ; te montrer que je crains,
C’est te dire assez que je t’aime[1]

  1. Si, dans ce vers d’Ovide,
    Pignora certa petis, do pignora certa timendo,