Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

telle ambition annonce le destructeur de Rome.

De pareils vers ne sont jamais inspirés que par les passions. Qui n’en est pas susceptible doit renoncer à les peindre. Mais, dira-t-on, à quel signe le public, souvent peu instruit de ce qui est en deçà ou au-delà d’une nature forte, reconnoîtroit-il les grands peintres de sentiments ? À la maniere, répondrai-je, dont ils les expriment. À force de méditations et de réminiscences, un homme d’esprit peut à-peu-près deviner ce qu’un amant doit faire ou dire dans une telle situation ; il peut substituer, si je peux m’exprimer ainsi, le sentiment pensé au sentiment senti : mais il est dans le cas d’un peintre qui, sur le récit qu’on lui auroit fait de la beauté d’une femme et l’image qu’il s’en seroit formée, voudroit en faire le por-