Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 5.djvu/218

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est un goût raisonné : il est fondé sur une connoissance profonde et de l’humanité et de l’esprit du siecle. C’est particuliérement aux hommes doués de cette derniere espece de goût qu’il appartient de juger des ouvrages originaux. Qui n’a qu’un goût d’habitude manque de goût dès qu’il manque d’objets de comparaison. Mais ce goût raisonné, sans doute supérieur à ce que j’appelle goût d’habitude, ne s’acquiert, comme je l’ai déjà dit, que par de longues études et du goût du public et de l’art ou de la science dans laquelle on prétend au titre d’homme de goût. Je puis donc, en appliquant au goût ce que j’ai dit de l’esprit, en conclure qu’il n’est point de goût universel.

L’unique observation qui me reste à faire au sujet du goût, c’est que les hommes illustres ne sont pas toujours