Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/111

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perience qu’elle a d’iceulx, et pour la desvotion singuliere qu’elle a à ceste couronne, elle saura disposer toutes choses au bien et repos public. En quoy je ne doubte aussy que tous ceulx qui tiennent les premiers lieux ne l’assistent, obeissent et recognoissent, selon qu’elle en est trez-digne pour ses vertus[1] ; comme je desire d’y satisfaire de ma part, tant pour l’obligation particuliere que j’ay à ladicte dame que pour l’obeissance et recognoissance que je doibs audict seigneur Roy de Poloigne, l’ayant Nostre Seigneur appelé à ceste couronne ; ce que je m’asseure que vouldriez aussi faire de la vostre, continuant le zele et affection que vous avez tousjours eue au bien de ceste couronne. Priant Dieu[2] [, mon Cousin, vous avoir en sa saincte et digne garde.

HENRY.]
  1. Cet éloge des vertus de Catherine de Médicis s’explique par les circonstances sous l’empire desquelles fut écrite cette lettre. Suivant l’ouvrage contemporain qui l’a conservée, un des expédients de Catherine à la mort de Charles IX, pour s’assurer la régence jusqu’à l’arrivée de Henri III, fut de « faire écrire par le duc d’Alençon et le roy de Navarre lettres aux gouverneurs des provinces, afin de leur faire sçavoir ce qui s’estoit passé, et, par leur autorité, tenir ceux de la Religion en bransle. » (Mem. de l’Estat de France.)
  2. Cette lettre dut être écrite au Louvre, d’après ce passage de Mézeray sur les précautions qu’aussitôt apres la mort de Charles IX Catherine de Médicis prit à l’égard du roi de Navarre et du duc d’Alençon : « Elle les avoit transportez du bois de Vincennes au Louvre ; et elle ne s’en assuroit pas seulement par des gardes qui les observoient, et par des doubles grilles qu’elle avoit fait mettre aux fenestres de leurs appartemens, mais aussi par les attraits de ses filles, dans la chambre desquelles ils avoient la liberté d’entrer à toute heure. » (Abrégé chronolog.)