Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/303

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vertir, Messrs, qu’il n’y a poinct en ce faict de dissimulation[1] et que je requiers de vous et du capitaine Merle[2], ou aultres qui ont pouvoir, une prompte obeissance à ce qui s’est resolu. Aultrement je puis protester que ceste desunion ne me sera point imputée, et que, du mal qui en pourroit advenir, je ne seray poinct coulpable, ainsi que j’ay prié ledict sieur de Turenne vous faire particulierement entendre, vous priant de le croire, et à Dieu, Messrs, vous avoir en sa trez saincte et digne garde. Escript à ............


[HENRY.]
  1. Le soupçon auquel répond ici le roi de Navarre est assez clairement indiqué dans ce passage du journal intitulé : Exploits de M. Merle, baron de Salavas. « En 1579, un des principaux chefs de la Religion ordonna à Merle de faire quelques desseins. »
  2. La requête avait peu de chances d’être bien accueillie, comme on ne tarda pas à le voir. Un grand nombre de gentilshommes des provinces voisines s’étant rassemblés pour délivrer la capitale du Gévaudan, et arrivant à Chanac, près de cette ville, « ils mandent un trompette à Merle, s’il ne vouloit point se rendre auxdits seigneurs ; que en cas qu’il ne le fairoit, qu’on le forceroit et tailleroit en pièces. Merle, après avoir bien fait boire le trompette, lui dit qu’il notât bien sa réponse, qu’étoit que lesdits seigneurs l’avoient fort souvent menacé de ce siége et de cette belle armée, et qu’il lui tardoit fort de les voir, mais que s’ils ne tenoient parole de le venir voir, qu’il les iroit voir eux. » (Exploits de M. Merle, baron de Salavas, ann. 1580.) Il tint parole : la nuit même qui suivit le retour du trompette, il pénétra dans Chanac, et, avant qu’on eût pu lui opposer une sérieuse résistance, il enleva et transporta à Mende deux cents beaux chevaux et un grand butin.