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[1580. — janvier.] — IIme.

Orig. autographe. – Collection de M. le marquis de Biancourt.


AU ROY, MON SOUVERAIN SEIGNEUR.

Mon maistre, Vous entendrés bien amplement par la lettre que vous presentera de ma part monsr de Rambouillet[1] tout ce qui s’est negotié pour la reddition des villes, et comme il n’a pas tenu à moy que vous n’ayés esté en cela satisfaict, et mes promesses effectuées. Mais d’aultant qu’elles sont conjoinctes au commun consentement des Eglises, je vous supplie trés humblement avec elles trouver bon les raisons de leurs requestes et remonstrances que vous presentera Boucharel, deputé pour cest effect, vous asseurant qu’il n’y a rien qui me fasche plus en ce monde que de voir tous ces malheurs et desordres, et qui desire plus de les faire cesser que moy. Ledict sr de Rambouillet vous dira la peine que j’ay eu pour le faire cognoistre. Croyés, s’il vous plaist, que je ne cesseray à m’y employer, tant pour le bien et repos de ce Royaume que pour estre continué en la faveur de vostre bonne grace, comme celuy qui est

Vostre trez humble et trez obeissant subject et serviteur,


HENRY.
  1. Nicolas d’Angennes, seigneur de Rambouillet, de la Villeneuve et de la Moutonnière, vidame du Mans, était le quatrième fils de Jacques d’Angennes, seigneur de Rambouillet, et d’Isabeau Cotereau, dame de Maintenon. Il fut, sous les rois Charles IX et Henri III, lieutenant général des armées et capitaine des gardes. Dès 1566, Charles IX l’avait envoyé en Angleterre comme son ambassadeur. Henri III le nomma chevalier du Saint-Esprit en 1580, et Henri IV le fit, en 1604, capitaine des cent gentilshommes de sa maison. Il survécu à ce dernier prince, et mourut âgé de plus de quatre-vingts ans, après s’être honorablement distingué dans un grand nombre de négociations utiles, notamment dans la réconciliation de Henri III avec le roi de Navarre, en 1589. La célèbre Julie-Lucie d’Angennes, duchesse de Montausier, surnommée l’incomparable Julie, était sa petite-fille.