Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/420

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la Religion, l’exercice de laquelle est refuzé au baillage de Chaumont en Vexin, soubs pretexte que ce n’est point baillage, encores que du temps du roy Henry ils en ayent tousjours faict acte et exercice, et iceluy tousjours continué ; dont appert que ce qu’ils en font maintenant n’est qu’en haine de la Religion. Et pour le regard des sieurs hauts justiciers, on leur donne tant de traverses, soubs couleur de justice, qu’ils ne peuvent joyr du benefice de vostre dict edict, comme au sr de la Riviere Bourdet[1], pres Rouen, qui n’a peu avoir main levée, depuis trois ans en çà, des defenses que la court de parlement de Rouen luy a faictes, ains est encores le procés pendant au grand conseil, comme aussy à la dame de Renouard[2] et douairiere du baron de Norroy. Et pour le regard des cimetyeres, encores qu’ils facent paroistre du refuz qu’en font les officiers des lieux, on ne leur baille aultre provision qu’une simple lettre, de laquelle on ne tient compte, au lieu de les punir, suivant ce qui est porté par vostre dit eedict, comme à ceulx de Dieppe, d’Engien[3] et de Vitry en Pertois[4]. Et encores que par la coustume les peres ou meres demeurans en viduité ayent la garde-noble de leurs enfans, neanmoings ils leur sont ostés, comme au sr de Remot et à la dame d’Arennes, pour les faire nourir à la religion catholique. Si ceulx de la Religion en mourant laissent quelques deniers aux pauvres qui font profession de la dicte Religion, les magistrats catholiques empeschent que les dicts deniers ne leur soyent distribués, encores qu’ils ne veuillent permettre que les pauvres de la dicte religion soient receus aux hospitaulx et subvenus des aulmosnes communes, comme à Lyon, à Chalons en Bourgogne. Et d’aultant que de sont de grandes et notables contraventions à vostre dict eedict, les

  1. Ce fief était alors possédé par l’un des membres de l’ancienne famille du Bosc, le seigneur de Radepont, baron de Bondeville.
  2. Françoise de Bailleul, dame de Renouard et de Messey, fille et héritière de Jean de Bailleul et de Jeanne d’Aché, mariée, par contrat du 9 mai 1582, à Gilles de Souvré, marquis de Courtenvaux, chevalier des ordres du Roi, maréchal de France.
  3. Angiens, petite ville de Normandie, près de Saint-Valery-en-Caux, aujourd’hui du département de la Seine-Inférieure.
  4. Ou Vitry-le-Brûlé, aujourd’hui chef-lieu de canton du département de la Marne.