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[1584. — vers la mi-mars.]

Orig. autographe. — Biblioth. impér. de Saint-Pétersbourg, Ms. 915, lettre n° 28. Copie transmise par M. Allier, correspondant du ministère de l’Instruction publique.


À MONSR DE BELIEVRE.

Monsr de Believre, Parce que partant demain comme j’avois deliberé, je ne pouvois arriver à Nerac que samedy ou dimanche, qui est le temps des devotions, j’ay trouvé bon ce que ma femme m’a mandé : d’attendre jusques aprés Pasques[1] ; et me semble qu’il sera plus à propos. Cependant, parce qu’il est besoin que Je parle avecques vous, [et que je vous] fasse entendre choses tres importantes pour le service du Roy, et qui ne peuvent pas souffrir guieres de dilation, et aussy que j’ay receu des nouvelles de Sa Majesté, de monsr du Plessis et d’autres endroits, qu’il est besoin que je vous communique, je vous prye bien affectueusement me venir treuver icy incontinent, et nous nous en irons ensemble à Nerac, et aurons beaucoup avancé pour le service du Roy, et gagné du temps, qu’il ne faut point perdre en cella. Je vous prye, au reste, ne montrer ceste lettre à personne quelconque ; et aymés tousjours celluy que vous trouverés à jamais

Vostre bien affectionné et asseuré amy,


HENRY.


Monsr de Believre, Je vous escris par une autre lettre la façon dont on s’est gouverné à retrancher la garnison de Bazas. Il seroit bon d’en escrire où il est besoin. Vous pouvés dire que vous venés icy pour me faire compaignie à mon voyage de Nerac, ou ce que vous verrés estre à propos de dire[2].

  1. Pâques tomba, cette année, le 26 mars ; ce qui donne, à deux ou trois jours près, la date de cette lettre ; le roi de Navarre entendant probablement par le temps de dévotions le dimanche des Rameaux.
  2. Ce post-scriptum confidentiel dénote un fait intéressant : l’espèce d’intimité qui s’établissait dès lors entre le roi de Navarre et le président de Bellièvre, que plus tard Henri IV, roi de France, appela à la dignité de chancelier.