Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome1.djvu/8

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public, si avide de tout ce qui intéresse ce grand homme. Nous ne négligerons rien pour parvenir à les rassembler. C’est un monument que nous voulons élever à la gloire de ce prince, d’autant plus glorieux qu’il en fournira seul tous les matériaux. »

Probablement l’abbé Brizard finit par reconnaître l’insuffisance de moyens isolés[1] pour atteindre le but qu’il se proposait. Du moins n’ai-je trouvé aucune trace d’un commencement d’exécution[2].

Il n’en fut pas ainsi d’un plan qu’avait formé l’abbé de l’Écluse des Loges. Obéissant au goût de son temps, où ne régnait pas le même respect qu’aujourd’hui pour les récits historiques contemporains des événements racontés, il avait dénaturé les Œconomies royales de Sully, en substituant la forme ordinaire d’une narration à cette singulière allocution de quatre secrétaires à leur maître, durant quatre volumes in-folio[3]. Son édition arrangée est encore aujourd’hui la plus répandue. Quelque inopportune que pût nous paraître à présent une telle opération, ce fut, pour le littérateur qui l’entreprit, une oc-

  1. Ses ressources de publicité paraissent avoir été assez bornées, surtout quand on les compare à celles de la presse actuelle. Il fit graver un fac-simile d’une lettre de Henri IV (voyez ci-après, p. 121, not. 2.), auquel je ne connais rien de comparable par la perfection vraiment surprenante de l’imitation ; et à la fin de son petit ouvrage anonyme, que nous venons de citer, et qui n’est pas très-répandu, il donne cet avis : « Nous prévenons que nous nous ferons un plaisir de distribuer gratuitement cette gravure curieuse à tous ceux qui nous la feront demander : ne pouvant satisfaire tout le monde, nous en donnerons du moins jusqu’à ce que la planche soit épuisée. » Et il ajoute : « On peut faire tenir les lettres de Henri IV à M. l’abbé Brizard, rue des Grands-Augustins. C’est également à lui qu’il faut s’adresser pour se procurer des exemplaires de la lettre gravée de ce prince. »
  2. Peut-être aussi ces papiers furent-ils détruits, comme tant d’autres, à la révolution.
  3. Sur cette forme bizarre, adoptée par Sully, voyez la dissertation de Levesque de la Ravalière dans les Mémoires de l’académie des inscriptions et belles-lettres, t. XXI, p. 541.