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LETTRES MISSIVES

1600. — 19 novembre.
Imprimé. — Œconomies royales, édit. orig. t. I, chap. 98.
À M. DE ROSNY.

Mon Cousin, J’ay esté bien aise de sçavoir, par la lettre que vous m’escrivés par le sr de Sainct-Julien, la sortie du chasteau de Montmeillan du comte de Brandis, l’ordre que vous avés donné à toutes choses necessaires pour cest effect, et que vous avès mis Crequy dedans avec sa compagnie. Mais je suis d’advis que vous pourveoyés à munir le dict chasteau de vivres et aultres choses necessaires pour la nourriture de la garnison que vous y aurés establie, car en ce faisant, la place ne pourra estre surprinse, et en tous cas nous retirerons tous-jours bien l’argent que nous aurons employé en l’achapt des dicts vivres. Usés aussy de toute diligence pour retirer vos canons, les faire embarquer et porter où nous avons advisé. Au reste, j’ay quelque esperance que nous pourrons faire un bon effect sur l’ennemy ; de quoy je me resouldray dans ce soir, et vous en donneray incontinent advis, et aussy de ce que vous aurés à faire, soit pour estre de la partie, soit pour vous en aller en Bresse. Nous avons appris par un Espagnol qui a esté prins, que les ennemys ne sont pas plus de six ou sept mille hommes en tout, et encore la pluspart bizognes[1], mal commandez, incommodez de vivres, et logez si escartez les uns des aultres, qu’il est facile de leur en prester d’une. Je vous prie donner ordre que le regiment du chevalier de Montmorency soit payé promptement, suivant la monstre qui a esté faicte, car les soldats s’en iront s’ils ne sont payez promptement. Je prie Dieu, mon Cousin, qu’il vous ayt en sa garde. Escript à Villars, le xixe jour de novembre 1600.

HENRY.
DE NEUFVILLE.
  1. Ancienne expression qui signifiait un soldat de recrue.