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LETTRES MISSIVES


ron, par ceux qu’il y avoit establys ; s’esta_nt incontinent persuadé que je m’approchois de luy exprés pour luy commencer la guerre ; de quoy * j’entends qu’il a commencé à preparer des forces et à demander se+ cours au comte de Fuentés, lequel on dict en avoir faictsoudain assembler et marcher pour cest effect, tant il a d’ennuy du remue-mes- nage! Mais peut-estre que l’un et l’aultre se refroidiront, quand ils sçauront que j’ay esté obeï entierement et sansdifficulté ez dictes pro- vinces, sans qu’il ayt esté besoin que je me sois advancé plus avant que ma maison de Fontainebleau. Toutesfois je n’ay laissé decommander au mareschal de Lavardin, sur l’advis que j’ay eu de ces préparatifs et advancement des dictes forces, d’aller vers la riviere du Rosne avec deux ou trois mille hommes pour deffendre l’entrée de mon Royaume’et me y garder de surprise, nlayant occasion de me fier à [llasseurancejlde la foy du dict duc de Savoye et de celle du dict comte de Fuentés, aprés avoir ainsy incité et favorisé par leurs inventions et practiques la , conspiration du dict de Biron contre ma personne et mon Estat ; car ils ne devoient espargner l’une ny l’aultre, comme ceux qui croyoient ne pouvoir bonnement entamer le dernier s’ils ne commencoient par me faire perdre lavie ou se rendre maistres et possesseurs d’icelle. Jîay sceu que le dict duc de Savoye a depesché à Venise, sur ceste occasion, l’escuyer Fourny. Jene sçay quel langage ilfera tenir à ces Seigneurs, mais je mepromets bien tant de leur prudence et clair- voyance, comme de l’afl’ection qu’ils m’ont promise et de l’interest qu’ils ont à ma conservation, que si le dict duc leur a faict dire quelque chose à mon desadvantage, non seulement ils n’y auront adjousté foy, mais qu’ils luy auront faict cognoistre qu’ils ont meilleure opinion de ma `probité et de ma volonté au bien et repos public de leur respublique [et seigneurie], qu’il ne s’efl’orcera peut—estre de leur donner. De quoy je m’attends .d’estre faict certain par vos premieres ; et vous le serés, par la fin de la presente, de la continuation de ma bonne santé et de la Royne ma femme et de mon fils, comme de la continuation de la tranquillité publique de mon Royaume, qui a esté plustost affermie . que esbranlée [par ceste descouverte], tant la felonie et desloyauté