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LETTRES MISSIVES


Ildemandez instamment par le roy d’Espagne) exprés pour n’estre obligé, par tels et si precienx gaiges, d’espouser les passions du conseil d’Espagne et s’assujetir à toutes leurs volontez. Mais il faisoit et disoit tout cela pour mieulx m’endormir, et sa deliberation estoit d’assaillir, _ au commencement de Yantomne ou du printemps de l’année prochaine, la ville de Geneve, aflin d’interesser le Pape en son desseing ; car, comme il est certain que je n'ensse abandonné la dicte ville, tant pour l’interest que _j’ay qu’elle soit conservée en l’estat qu’elle est, q11e pour estre comprise aux traictez de paix de Vervins et de Lyon, sous le nom des ` alliez des sieurs des ligues de Suisse, et que j’ay particulierement pro- mis aux dicts habitants de les assister contre quiconque entreprendra ` contre eux par voye de faict : le dict duc de Savoye s’attendoit d’ir- riter facilement Sa Saincteté et le Sainct Siege contre moy, et estant assisté. du roy d’Espagne (sous main pour le commencement), me charger d’une forte guerre, pour laquelle soubstenir il enst fallu que jleusse dressé des forces nouvelles, tant depied que de cheval, en la levée et condnicte desquelles comme nos prisonniers eussent eu plus _ de part que personne, à _cause de leurs charges et de la confiance que j’avois en eulx, aussy leur enst esté facile, s’entendant avec les autres, de me trahir, et executer lenripernicieux desseing contre ma personne et mon Estat. Ils se promettoient encores de faire soubs— lever en mesme temps contre moy mes subjects de la religion pre- tendue reformée, et mesmes, par le moyen de ceux-cy, accorder la Hoyne ma bonne sœur et les Estats des provinces unies des Pays—Bas, avec le dict roy d’Espagne et les idicts archiducs. _ Je m’assenre que la dicte —dame n’entendra les deux dicts derniers poincts sans blasmer Yimprudence et elfronterie des aucteursde ceste vanterie. Bref le dict duc de Biron se faisoit fort de disposer à sa volonté de toute la France, tant en particulier qn’en general, et pareillement de l’Àngleterre et des dicts Estats, des Pays¢Bas, comme si tout le monde enst deu trembler au seul remuement de ses sourcils. Voilà comment l’orgueil l’a faict trebuscher, flatté et abusé par ceulx avec lesquels il traictoit, qui luy faisoient accroire qu’ils adjoustoient