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LETTRES MISSIVES


m" de Sillery pour en communiquer avec vous et m' le chancelier, et sur celaprendre vos advis et me les envoyer. Cependant vous pourrés f m'en aller justilier, je lis partir tout aussy parencedebien pour estreallezaucontraire. . tost celuy qui cstoittvenu, avec response à ~ C’est mal recognoistre vostre misericorde Vostre Majesté que je partirois soudain de demourer tousjours criminels en ne fai- pour l’aller trouver : ce qu’estant tout prest sant que changer de crimes, desquels la à faire, il m'est venu advis certain quels grace ne leur pourroit servir, ve_u que de- sont mes accusateurs. Cela, Sire, m’a occa- puis ils ont porté faulsetez. Je vous diray, sionné de changer de resolution, et faire Sire, comme disoit. le Psalmiste à Dieu : tres-humble remonstrance à Vostre Ma- « Te voyant courroucé, Seigneur, ne t'ap- jesté, pour la’supplier de mettre en consi- « proche point de moy que je ne sois’ren— deration que les perfidies et deloyautez_ u forcé. » ‘ contre vostre personne et Estat, tres ave- « Aussy bien, Sire, je crains vostre vi- rees, de mes dicts accusateurs les rendent sage, ayant receu telles personnes à miac- du tout incapables de m’accuser, et, à plus cuser, puisque Vostre Majesté m’en de- forte raison, de me convaincre. lls n’ont mande justification ; qui est ce qui m’a et ne peuvent avoir pour leurs accusations retenu, et' non que ma conscience me que des langues menteuses, lesquelles ne pique d’un souvenir de faulte digne d’un leur ayant servy pour executer leurs inten- tel examen. ' ° ` tions (les accompagnant des elfects, des- « Puisque cela importe à vostre service, quels ils ont esté empeschez par vostre il est raisonnable, pour satisfaire à Vostre ` bonheur et prudence), ils lesemployent Majesté, son Royaume et mon honneur, et , en vous rendant suspect le second oflicier oster le deshonneur de Dieu, par le scan- de vostre Couronne, vostre serviteur do- dale qu’auroient ceux de mesme religion mestique, qui n’a jamais cherché de gloire que moy, si mon crime n’estoit puny ou en ce monde que ce qui luy en a descoulé mon innocence cognue. Pour à quoy par- parvostre faveur et bonne grace, et qui venir, Sire, je 111'asseure que Vostre Ma- vous a de si longue main servy. Il est à jesté voudra ne me rendre privé de la libe- . croire qu'ayant dessein de me nuire ils i ralité dont jouissent tous vos subjects de auront esmeu vostre courroux contre moy la Religion pour y proceder, et .d’autant par les plus horribles crimes qu’ils auront plus tost que nuls autres juges ne peuvent peu inventer. Me feroient-ils, Sire, mi- estre plus interessez en tces affaires, puis- nistre de ce qu’ils peuvent avoir promis qu’il s’agit de la diminution de vostre aux ennemys de vostre Estat d’aider à luy Royaume, pour la porter à l’agrandisse faire mal? N’en pouvantmeshuy subor- ment de celuy d’Espagne. En quoy tous ner dautres, ils veulent accuser ceux les- vos subjects ont une commune perte ; mais ' quels, mesmes en tels affaires, ont leur ceux de la Religion, desquels les chambres innocence prouvée par infinyes circons- sont composées, en ont une speciale, et i tances si joinctes avec eulx, qu'il n’est à qu’ils ont tousjours estimée plus cher que croire qu’ils puissent avoir la moindre ap- leurs vies : qui est la perte de leur exer-