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POLARISATION ROTATOIRE. — DISPERSION

pions que de la propagation de la lumière dans le vide et que nous n’envisagions que l’action de l’éther sur lui-même, nous devons conclure que la matière agit sur les molécules d’éther, et que le rayon d’activité des molécules matérielles est incomparablement plus grand que celui des molécules d’éther. Cette action de la matière sur l’éther avait déjà été admise par Fresnel qui supposait que l’éther engagé dans les milieux pondérables avait une densité constante mais plus grande que dans le vide. Plus tard, Cauchy, dans le but d’expliquer la dispersion, admit implicitement que les molécules matérielles sont entraînées par les molécules d’éther et qu’elles vibrent avec la même amplitude. Bien que cette dernière hypothèse puisse paraître peu vraisemblable, il ne faut pas se hâter de la rejeter ; c’est ainsi qu’un corps flottant à la surface d’un liquide, participe, par entraînement, aux mouvements qui sont imprimés au liquide. En tout cas c’est cette hypothèse qui a conduit Cauchy à l’analyse du no 128 dont nous avons vu l’accord avec l’expérience.

Après Cauchy, Briot reprit l’étude de la dispersion. Dans une première théorie, il admit l’entraînement de la matière par l’éther, mais il supposa que les amplitudes des vibrations des molécules matérielles étaient incomparablement plus petites que les amplitudes des molécules d’éther. Il résultait de cette hypothèse, que dans les calculs on pouvait considérer les molécules matérielles comme fixes par rapport aux molécules d’éther. Dans ces conditions, les seconds membres des équations du mouvement d’une molécule d’éther contenaient, outre les dérivées secondes de ces quantités elles-mêmes. La vitesse de propagation du mouvement vibratoire dépendait alors de la longueur d’onde, et l’indice de réfraction