Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/56

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en vue de la liturgie, l’Inde en fut si satisfaite qu’elle t’appliqua aux objets les plus divers : à la grammaire (Pânini)[1], à l’astrologie, à la médecine, aux arts libéraux, et même, avec une impudeur raffinée, aux relations sexuelles !


1. — LA RELIGION BRÂHMANIQUE


Puisque les Brâhmanas font corps avec les Védas, il peut sembler étrange de lire que le brâhmanisme diffère déjà fort sensiblement du védisme ; rien pourtant n’est plus vrai. Entendons-nous : il va de soi que le brâhmanisme n’en convient point, ni l’Inde religieuse à sa suite ; mais un type religieux

  1. Ne devant plus revenir sur cet important ouvrage, qui n’a aucun caractère littéraire, je saisis l’occasion d’en dire un mot en passant. Il a dû être écrit vers le IVe-IIIe siècle avant notre ère, et se donne pour une encyclopédie générale des deux langues sanscrites (classique et védique). Un pareil livre ne pouvait être composé que dans l’Inde ; on essaierait en vain de donner à un Occidental une idée même confuse de l’absence de méthode, — non, ce n’est pas assez dire, — du désordre voulu et méthodique qui y préside ; morphologie, phonétique, syntaxe, style noble et jargon, sont jetés pêle-mêle à travers les huit livres, en quatre chapitres chacun, et les 3980 règles en formulaire télégraphique, de cette monstrueuse compilation. Avec cela, elle fait encore autorité dans les écoles de la Péninsule, et les savants européens qui l’ont dépouillée à fond assurent qu’en effet tout s’y trouve. Il vaut mieux les en croire sur parole.