Page:Henry - Lexique étymologique du breton moderne.djvu/14

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plus frappants possible, avec le latin, le français ou l’anglais, parfois avec le grec, rarement avec le sanscrit ou le slave ; bref, un petit livre sans prétention scientifique, exclusivement destiné au public lettré de Bretagne, et que par ce motif je tenais à faire paraître en pays bretonnant.

L’ouvrage à peu près terminé, je le fis offrir gratuitement à un éditeur du Finistère, qui consentit sans hésiter à l’imprimer… à mes frais.

Au fond, peu m’importait : un éditeur parisien qui m’honore de sa confiance acceptait mon manuscrit et le publiait tel quel ; mais ma conscience m’interdisait de lui faire courir le risque d’une publication qui, à en juger par cette première épreuve, avait peu de chances de se répandre en Bretagne, et qui, à raison de sa rédaction sommaire, n’en avait aucune d’être demandée ailleurs. Je repris donc mon travail et le refondis sur un plan moins étroit : j’y introduisis les rapprochements de langues « estranges » que j’avais systématiquement écartés, les références aux auteurs dont je m’étais borné à enregistrer la doctrine, les raisons de douter que j’avais souvent passées sous silence ; et, pour ne pas le grossir outre mesure, je dus recourir à une concision qui peut-être en compromettait la clarté.

Sur ces entrefaites, MM. Loth et Dottin, apprenant l’existence de mon manuscrit, voulurent bien m’offrir, avec l’hospitalité de leur Bibliothèque Bretonne-Armoricaine, la légitime notoriété dont elle dispose tant en France et à l’étranger qu’en Bretagne même. Mais cet honneur inespéré m’imposait de nouveaux devoirs : il ne suffisait plus que l’ouvrage pût être de quelque utilité aux lettrés bretons et aux indogermanistes de tout pays ; il fallait, de plus, qu’il fût de consultation commode pour ceux-là mêmes à qui il n’enseignerait rien, pour les celtisants de profession. J’ai donc dû multiplier et préciser les références, soit corniques et cymriques, soit irlandaises et gaéliques, — le récent Dictionary de M. Macbain m’a été d’un immense secours, — insister davantage sur les irrégularités phonétiques qui émaillent encore l’étymologie celtique, signaler tout au