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XXI
INTRODUCTION

b) Le gaélique d’Écosse, usuellement gaélique tout court, se défend mieux, dans les âpres régions qui lui font une sorte de citadelle ; mais les sources en sont bien moins anciennes et moins sûres, et d’ailleurs il ne diffère pas assez de l’irlandais pour qu’on invoque son autorité autrement qu’à titre accessoire et supplémentaire[1].

c) Le manx ou gaélique de l’île de Man doit à sa situation insulaire quelques particularités, d’assez médiocre intérêt quant à l’ensemble du celtique.

3. À la différence des Gâdels, qui ne connurent pas la conquête romaine et vécurent, longtemps aussi, indépendants de la conquête anglaise, — ce qui leur permit de constituer dans leur triple contrée une vaste unité territoriale, — les Brittons subirent les premiers assauts de l’une et de l’autre, et la seconde les morcela en trois tronçons, dont deux survivent jusqu’à présent, de très inégale importance.

Les Celtes qui peuplaient le sud et le centre de la Grande-Bretagne se désignaient eux-mêmes sous le terme commun de Brittones[2]. Soumis par César comme les Gaulois, mais plus fidèles à leur passé, ils gardèrent leur langue sous la domination romaine, moins forte, d’ailleurs, et plus éphémère dans l’île que sur le continent. La fondation de l’heptarchie anglo-saxonne (ve siècle) les absorba ou les dispersa. La langue des vainqueurs prévalut partout, sauf dans quelques régions montagneuses ou maritimes, où la conquête pénétra peu ou plus tardivement, et où les Celtes demeurèrent maîtres de leurs destinées.

a) La principale de ces forteresses celtiques fut le rude pays de


    allemand ; puis, si l’on veut, — car la prononciation s’est modifiée d’âge en âge, — dh et gh, comme y du mot yeux, th comme h, bh comme v, et mh comme un v nasal pareil à celui du breton haṅv, leṅv, etc.

  1. On prononcera : longues, les voyelles marquées d’un accent grave ; é et ó, longs et fermés ; les diphtongues très fuyantes ; ea, ei et eu à peine diphtongues ; le reste, comme en irlandais.
  2. Dans le nord de l’île (Écosse actuelle), les Pictes, restés toujours insoumis, parlaient un celtique que le critérium du p fait rattacher de plus près au brittonique qu’au gâdélique ; mais on ne possède de ce dialecte que quelques noms propres.