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XXII
INTRODUCTION

Galles. Les Celtes qui s’y réfugièrent se nomment eux-mêmes Cymmry « les compatriotes »[1] : d’où le nom de cymrique ou gallois que porte leur langue, dont la difficulté ne doit point être mesurée aux complications de son orthographe[2]. On y distinguera chronologiquement : le vieux-cymrique, qui se confond avec le vieux-breton ; celui du moyen âge, représenté surtout par le recueil de contes dit Mabinogion « les Jeunesses » (XIIe siècle) ; et le gallois actuel, très vivace encore, qui ne cède que bien lentement devant la prépondérance de la langue anglaise.

b) La longue et étroite presqu’île à laquelle sa population valut, comme à la Cornouaille française, le nom de Cornwall, ouvrit au celtique un autre asile. Il y vécut, sous le nom de cornique, jusqu’au siècle dernier[3]. Sa maigre littérature, exclusivement biblique, ne remonte pas au delà du xve siècle ; mais il est connu sous sa forme moyenne, par un vocabulaire du xiiie, qui paraît être la copie d’un original plus ancien. Antérieurement, le vieux-cornique se confond avec le vieux-breton.

c) Même avant la conquête saxonne, des émigrants bretons passèrent la Manche et s’établirent sur le littoral peu peuplé qui faisait face au leur ; plus tard, les Celtes, refoulés vers la mer, affluèrent en plus grand nombre : ainsi s’accomplit la colonisation qui valut à la vieille Armorique son nom actuel de Bretagne, et maintient à l’extrémité occidentale de la France un dialecte celtique, exactement « breton armoricain », usuellement breton tout court. — Sa division chronologique comporte trois stades : vieux-breton, depuis le VIIIe siècle[4], ancêtre commun du cymrique, du cornique et du breton,

  1. Voir au lexique le mot brô.
  2. Voici les règles essentielles de prononciation : u, intermédiaire entre u et i français ; y, de même, après w, ou dans un monosyllabe, ou en syllabe finale, mais en toute autre position comme e muet faisant syllabe ; w devant voyelle, comme w anglais, mais entre consonnes comme ou français ; c, comme k, en toute position ; ff comme f, et f comme v bilabial ; th et dd, respectivement, comme th anglais dur et doux ; les consonnes suivies d’h, sans sonorité ; ll est presque indéfinissable.
  3. On prononcera le cornique à peu près tel qu’il est écrit, — si l’on peut, car certains mots sont d’aspect assez rébarbatif ; mais cela n’a guère d’importance. — Le dh est un th anglais doux. — Voir au lexique le mot Kerné.
  4. Les mots antérieurs sont tous latinisés.