Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/138

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Bois des bambous, l’alla voir avec son fils, le prince Ajâtaçatrou.

Le Maître regarda le jeune prince, puis il se tourna vers le roi.

« Puisse Ajâtaçatrou être digne de l’amour que tu lui témoignes, » dit-il.

De nouveau, il regarda le prince, et il lui parla :

« Écoute-moi, Ajâtaçatrou, et médite mon discours. La ruse ne réussit pas toujours, la méchanceté n’est pas toujours victorieuse. Un récit en fera foi, le récit d’une aventure qu’ont vue mes yeux, il y a bien longtemps. Je vivais alors dans une forêt ; j’étais le Dieu d’un arbre. Cet arbre avait poussé entre deux étangs, l’un petit, sans grâce, l’autre vaste, d’aspect agréable. Dans le petit étang, vivaient de nombreux poissons ; sur le grand s’épanouissaient d’innombrables lotus. Or, un été vint où la chaleur fut très ardente ; le petit étang fut presque desséché ; les eaux du grand étang, au contraire, protégées du soleil par les larges lotus, restaient abondantes et gardaient leur fraîcheur. Une grue passa entre les deux étangs ; elle vit les poissons ; elle s’arrêta et, debout, sur une patte, elle se mit à réfléchir. « Voilà, pensait-elle, des poissons qui seraient de bonne prise ; mais ils sont agiles ; si je les attaquais brusquement, ils sauraient