Page:Histoire de Notre-Dame de France - Adrien Nampon (1868).djvu/30

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En 1850, M. Crozatier avait cinquante-cinq ans. Sa réputation d’artiste était faite ainsi que sa fortune. L’une et l’autre étaient considérables. Marié, mais sans enfants, il se sentait vieillir ; et sa santé, usée par quarante ans de travail, ne se soutenait qu’à l’aide de ménagements, que le courageux artiste ne s’accordait qu’à regret. Depuis de longues années établi à Paris, il n’avait avec le Puy que des relations assez restreintes. M. Crozatier nous l’a bien prouvé, il était dévoué au pays qui l’avait vu naître. Ce sont ses propres expressions que j’extrais d’une des trois lettres qu’il a écrites à Mgr de Morlhon. Il avait tout le talent, toute la fortune nécessaires pour exécuter, à l’aide d’un beau modèle, le monument projeté. Ce modèle, il crut pouvoir le composer lui-même, à la satisfaction de son pays, bien que le catalogue de ses œuvres, dressé par M. Mandet, n’en mentionne aucune qui appartienne à la statuaire religieuse. Dès qu’il apprit qu’il était question de couronner sa ville natale par une statue en bronze ; dès qu’une lettre, dont le signataire est resté inconnu, l’eut engagé à prendre part à cette entreprise patriotique et religieuse, il sentit toute son âme tressaillir : il vint au Puy ; il fit des études sur le rocher ; il dressa son plan qu’il esquissa lui-même en ces termes : La Vierge du Velay, assise, recevant les premiers regards des populations pieuses qui viennent vénérer son image