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par la perte de Jérusalem, retombée entre les mains du sultan. Il chargea spécialement de ce soin le Cardinal d’Albano[1], dont la mission, un instant interrompue par la mort de Grégoire VIII, fut ensuite reprise sous son successeur.

En effet, Clément III, à peine consacré (le 16 décembre 1187), voulant réaliser les desseins de son prédécesseur, constitue Henri son vicaire dans toute la catholicité pour prêcher la croisade[2]. Henri se rend d’abord en France, rétablit à Gisors la bonne harmonie entre les souverains de France et d’Angleterre, leur remet la croix, ainsi qu’à un grand nombre de seigneurs de ces deux nations, passe en Allemagne et assiste, le 27 mars 1188, à une diète

  1. Cardinalem Henricum Clarœvallensem, universæ prœfuit expeditioni, ut classicum per provincius, per regna canens, et crucem predicans, nullum lapidum relinqueret immotum in toto orbe, quo tantum posset negocium promocere. (Manrique, III, 184, 2, d’après l’Obituaire de Clairvaux.) — Il n’est nullement question de Guillaume de Tyr. Michaud, dans son Histoire des croisades, ne parle point de l’évêque d’Albano, et attribue la prédication de cette croisade à Guillaume, archevêque de Tyr, seul. — D’autres auteurs veulent que Guillaume fût légat du pape pour la France et Henri pour l’Allemagne. — Cette dernière opinion parait préférable et peut se concilier avec les Annales de Cîteaux, car l’évêque d’Albano a très bien pu s’adjoindre, dans sa mission, un prélat d’Orient, témoin des derniers revers des chrétiens, et garder lui-même la direction générale de la préparation de la guerre sainte.
    Enfin, d’autres auteurs font mourir ce Guillaume de Tyr en 1184, sous le pontificat de Lucius III. C’est, en effet, à cette date que s’arrête l’Histoire des princes d’Orient, qu’il avait conposée. Voir Du Pin, Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques,xiie, Bibliothèque des croisades, t. I, p. 133.)
  2. Pendant cette année 1188, Gaufred, moine de Clairvaux, probablement le futur abbé d’Hautecombe, écrit au cardinal d’Albano une lettre où il lui donne le titre de Domini Papæ cicarius (Ann. cist., I, 2, et III. 202.)