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solennelle que l’empereur Frédéric avait convoquée et présidait à Mayence le même jour que Philippe-Auguste tenait son Parlement à Paris pour délibérer sur le grand événement de l’époque. Le cardinal-légat, de concert avec l’empereur, y avait invité tous les prélats et seigneurs d’Allemagne. On y lut publiquement la relation de la prise de Jérusalem. L’empereur et son fils Frédéric, duc de Souabe, y reçurent la croix des mains du légat et de l’évêque de Wurtzbourg ; leur exemple fut suivi par soixante-huit de leurs principaux feudataires, tant ecclésiastiques que séculiers ; tout le monde fut exhorté à prendre part à la croisade, et on se donna rendez-vous pour le départ, à Ratisbonne, l’année suivante, le jour de la fête de saint Georges (23 avril 1189).

Le cardinal-légat réconcilie l’empereur avec archevêque de Cologne et adresse une lettre à tous les prélats de l’Église, où il les presse de réformer leurs mœurs et d’imiter au moins les laïques, s’ils ne les préviennent pas par leur bon exemple. En effet, dans les assemblées du Mans et de Paris, la nation anglaise et la nation française s’étaient interdit toute fourrure précieuse et toute somptuosité dans les repas. De Mayence, Henri s’étant rendu à Liège, il y tonna si vivement contre les vices du clergé et particulièrement contre la simonie, que soixante-six chanoines résignèrent leurs prébendes entre ses mains.

Après le départ de l’empereur pour l’Orient[1], Henri, dont la mission était remplie, voulut encore, en se dirigeant sur Rome, interposer sa médiation entre le comte

  1. Le 27 juillet 1189, il fut accompagné d’un grand nombre de seigneurs laïques et de prélats, parmi lesquels se trouvait l’archevêque de Tarentaise (Chron. Gervasii.)