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Rien ne fait présumer qu’en fondant le monastère, Amédée III ait eu l’intention d’en faire la nécropole de sa famille. Peut-être le comte Humbert n’y fit-il transporter les cendres de sa seconde femme qu’afin de pouvoir prier plus fréquemment sur celle tombe chérie, et le même sentiment de piété conjugale le détermina-t-il à vouloir y être inhumé. L’exemple donné fui suivi par ses successeurs, et Hautecombe serait devenue fortuitement le champ de repos de sa dynastie.

Le second veuvage d’Humbert III abattit son âme douce et aimante. Il mena, disent les chroniques, « dure et griefve douleur, et de fait se mist en voulante de non soy jamais marier, et print en son corage de soy oster du monde. » Il parait qu’il s’enferma dans la solitude d’Hautecombe pour y passer ses jours dans la prière ; « et là se tint le conte par plusieurs ans, jusqu’à ce que les estas de son pays len degetterent par force. »

Nous continuons d’emprunter au plus ancien récit des faits et gestes de nos premiers souverains[1] les détails relatifs à la retraite d’Humbert III et à son troisième mariage. La naïveté de cet exposé, dont l’exactitude n’a point été contredite jusqu’à ce jour, nous servira d’excuse de nous appesantir sur ces particularités.


    Fort heureusement, le mariage n’eut point lieu, et cette princesse, d’après la plupart des auteurs, mourut en bas âge. D’après Cibrario, elle aurait épousé Humbert, comte de Genevois, et vivait encore en 1256. Cette dernière opinion est aujourd’hui établie par le Régeste genevois, qui ajoute qu’Agnès eut une fille. Alix, mariée à Rodolphe de Grésier, tige des familles de Faucigny, Lucinge et Chuyt.

  1. Antiques crognices de Savoye. Cet ancien document, d’un auteur inconnu, a été complété et corrigé par Servion, pendant les années 1464, 1465 et 1466, et imprimé dans les Monumenta hitstoriæ patriæ, sous le titre de Chroniques de Savoye, et c’est là que nous avons puisé nos extraits.