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couvent pour amendes encourues ou pour prise de gibier[1].

L’importance de ces concessions ressort de la situation des propriétés de l’abbaye. Déjà nombreuses et étendues, elles n’étaient point groupées autour du monastère, mais fort distantes les unes des autres. Les droits de péage, principal impôt de cette époque, se multipliaient à l’infini et pesaient lourdement sur les produits transportés de la ferme d’Aix et des Beauges à Hautecombe. Ainsi voyons-nous, en 1275, le curé du Châtelard invoquer cette charte pour faire remettre en circulation des fromages appartenant au couvent, qui avaient été arrêtés par le châtelain du lieu[2]. D’autre part, étant autorisée par cette même charte à acquérir des fiefs sans autre condition que celle de reconnaître l’hommage dû au suzerain, l’abbaye allait devenir une puissance féodale.

Autant le règne précédent avait été funeste, autant celui-ci fut heureux pour la dynastie de Savoie.

Aimé sans doute du pape et du clergé, à cause de ses pieuses libéralités, Thomas Ier jouissait aussi de la faveur impériale. À Henri VI, qui avait si promptement révoqué la mise au ban de l’Empire des possessions de la Maison de Savoie, avait succédé Philippe, son oncle, qui fut couronné par l’évêque de Maurienne[3], en l’absence de l’archevêque de Mayence. Ce nouvel empereur, ayant reçu à Bâle les hommages du comte de Savoie, lui remit, devant une assemblée nombreuse de princes et de sujets de l’empire, trois étendards, en signe d’investiture de tous les

  1. Documents, no 11.
  2. Bibliothèque de l’auteur.
  3. Probablement Bernard II, de la famille de Chignin, qui fut ensuite archevêque de Tarentaise. (Histoire du diocèse de Maurienne, par le chanoine Angley, p. 113.)