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pays, terres et seigneuries qu’il tenait de ses prédécesseurs ; et, « pour prouver l’affection qu’il porte au comte de Savoie, son très cher parent, et lui montrer qu’il est constamment plein de sollicitude pour son honneur et son intérêt, » il lui cède, en augmentation de fief, les villes de Quiers et de Testone en Piémont, et le château de Moudon dans le pays de Vaud (1207)[1]. Telle fut l’origine de la puissance de la Maison de Savoie dans la Suisse romande, qui entraîna une lutte prolongée contre le duc de Zœringen.

Nous ne suivrons pas le comte Thomas dans les nombreuses guerres, négociations et traités auxquels il prit une part glorieuse, pendant cette période qu’agitaient si profondément les compétitions à la couronne impériale, les dépositions de souverains par le pape, les rivalités incessantes entre les seigneurs féodaux. Nous signalerons seulement le rôle qu’il joua vis-à-vis de la ligue lombarde, et la haute dignité que lui conféra, à cette occasion, l’empereur d’Allemagne.

Frédéric II s’était rendu en Italie pour examiner l’état de cette ligue, qui se réorganisait contre lui comme autrefois contre son aïeul Barberousse[2]. Désireux d’avoir près d’elle un ami puissant, il créa le comte de Savoie son vicaire impérial pour toute l’Italie, y compris la marche de Trévise (1226). Cette dignité réunissait dans sa personne toutes les prérogatives de la puissance impé-

  1. Guichenon, Savoie, Preuves, 48.
  2. Voici la succession des empereurs depuis Frédéric Ier : Henri VI, fils du précédent (1190-1197) ; Philippe, son frère (1190-1208) ; Othon IV de Brunswick 1208-1215) ; Frédéric II, fils d’Henri VI (1215-1250) ; Conrad IV, fils du précédent (1250-1251), dernier empereur de la Maison de Souabe.