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sujets[1], ne relevant du comte de Savoie que par les droits de patronage et de haute suzeraineté, possédant tous attributs d’un souverain, moins, probablement, ceux de battre monnaie, d’établir des impôts, d’élever des forteresses, de construire des ponts et des routes, et quelques autres prérogatives formant ce que l’on appelait les droits régaliens[2], réservés au pouvoir royal.

Elle était cependant, comme nous venons de le voir, privée du droit de dresser des fourches patibulaires. C’était un signe de l’autorité, variant de forme suivant la dignité et le rang du justicier. La traverse de bois composant cet appareil d’exécution était portée par huit piliers, si le justicier était un duc ; par six, s’il était comte ; par quatre, s’il était baron ; par trois, s’il était châtelain. Les fourches patibulaires, ou potences, étaient dressées hors des villes[3]. Aussi fut-il interdit à l’abbé d’Hautecombe de suspendre les condamnés aux arbres voisins des chemins publics. Plus tard, nous verrons un abbé réclamer le droit d’avoir des fourches patibulaires et l’obtenir.

Tel est le premier acte que nous connaissions de l’administration de l’abbé Jean, premier de ce nom. Actif et vigilant, il fit partout respecter et définir les droits de

  1. Le Capitulaire de Charlemagne, de l’an 806, proscrit avant tout aux églises d’exercer la justice civile et criminelle sur leur territoire. — Voir Montesquieu, Esprit des lois.
  2. Les droits régaliens comprenaient à peu près ce que les lois romaines rangeaient sous la dénomination de choses publiques.
    En France, on appelait régale le droit qu’avait le roi de percevoir les revenus des évêchés et monastères vacants, — appelé en Savoie droit de garde. — et même celui de pourvoir, pendant la vacance du siège, aux bénéfices qui étaient à la collation de l’évêque.
  3. Celles de Chambéry s’élevaient à Leschaux (apud calces) localité située aujourd’hui sur la commune de la Ravoire, à deux kilomètres sud-est de la ville. Celles du seigneur d’Aix, sur la Roche du Roi.