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déclare que l’abbaye d’Hautecombe possède « le plein domaine et rentière juridiction omnimode, le mère et le mixte empire et le pouvoir du glaive sur les villages cédés et sur leurs territoires, sur les habitants de l’Tun et l’autre sexe et aussi sur les terres et fermes qui appartiennent à ces habitants ; hommes, terres et villages mentionnés dans la charte susdite, » et dépendant de Cérarges, Clarafond, Fresenei, Drumettaz et Méry, dans les limites indiquées par l’acte de 1231[1]. En outre, le comte inféode, de sa propre autorité, au monastère le Val-de-Crenne, Valle de Criona, vallon central de la paroisse actuelle de Saint-Pierre de Curtilles, s’étendant sur le revers de la montagne d’Hautecombe et parallèlement à cette montagne. Il le concède avec les mêmes droits de juridiction et autres que ceux ci-dessus énumérés.

Une seule réserve est faite à ce droit absolu de juridiction : c’est la défense d’élever des fourches patibulaires. « Et si quelqu’un de leurs hommes (de l’abbé et du couvent) est condamné à être pendu, qu’il le soit à un arbre éloigné des chemins publics, où il pourra rester attaché huit jours au plus. »

Le comte « ordonne et enjoint à tous ses baillis, juges, châtelains, métraux et autres officiers et délégués, tant présents que futurs, » de respecter et faire respecter les donations ci-dessus rapportées, sous la peine de son indignation[2].

L’abbaye d’Hautecombe était donc bien une véritable puissance féodale, arbitre de la vie et de la mort de ses

  1. Voir suprà, p. 121 et suiv.
  2. Voir Documents, n° 14.