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quitté la carrière ecclésiastique pour monter sur le trône de Savoie, il l’institua pour héritier de sa couronne, au préjudice des enfants du frère aîné d’Amédée.

D’après la loi salique, c’était en effet Philippe, fils aîné de Thomas (III), qui devait lui succéder. Mais les règles de la succession au trône n’étaient point encore bien fixées dans la Maison de Savoie. Amédée avait été associé au gouvernement par son oncle et avait montré les grandes qualités qui le rendaient digne du trône ; aussi, la nation confirma, dans ses États-Généraux, cette dérogation aux usages de la monarchie, et ce fut la dernière.

Cependant les membres de sa famille, jaloux de cette préférence, lui suscitaient des difficultés. Il les apaisa en donnant en apanage à son frère Louis le pays de Vaud, et à son neveu Philippe, le Piémont, qui fut ainsi séparé des États de Savoie jusqu’en 1418, et forma un fief soumis seulement à l’hommage envers le comte de Savoie.

Libre de ces préoccupations successorales, Amédée continua à affermir de plus en plus sa puissance. L’emploi des censures ecclésiastiques, de la part des évêques et des abbés, était devenu tellement fréquent, que, même pour des choses minimes, elles étaient fulminées. Le comte de Savoie s’adressa au pape pour le prier de renouveler en sa faveur le privilège accordé par Grégoire X, en 1272, à son oncle Philippe, en vertu duquel aucune excommunication ne serait publiée dans les États de Savoie sans une permission spéciale du Souverain Pontife. Boniface VIII le lui accorda par bulle du 23 novembre 1294[1].

L’année suivante, il acheta, de François de La Rochette et de sa nièce Béatrix, le château de Chambéry et ses dépendances, qui n’avaient pas été compris dans la vente du

  1. Cibrario, Storia della Monarchia di Savoia, t. II, p. 329.