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Jusqu’à la fin du xiiie siècle, les inhumations ne se faisaient point dans les églises, mais dans les cloîtres et dans les terrains nus qui les environnaient, désignés, les uns et les autres, sous le nom générique de cimæterium. C’est à peine si de rares exceptions avaient lien en faveur de personnes d’une sainteté éminente et extraordinaire ; Humbert le Saint lui-même fut inhumé sous la voûte du cloître, près du mur de l’église. Les autres princes et princesses de Savoie furent enterrés dans le cloître. L’archevêque de Cantorbéry paraît avoir été enseveli derrière l’autel, et ce fut la première exception aux règles canoniques, que justifiaient du reste la réputation de sainteté du défunt et son caractère épiscopal. Vers l’époque à laquelle nous sommes arrivés, contrairement à ces défenses des anciens canons, l’usage d’ensevelir dans l’église même prévalut. Aymon, profitant de cette tolérance, fit commencer, à gauche du maître-autel, un vaste caveau en forme de T, où les ossements des membres de sa famille, qui n’avaient pas de monument particulier, et ceux des futurs défunts seraient déposés. Au-dessus fut construite une vaste chapelle qui fit partie de l’église du monastère et fut appelée Chapelle du comte Aymon ou Chapelle des Princes.

La forme de cet ossuaire et l’irrégularité que cette construction imprima à l’ordonnance du transept, dont la partie nord-est fut élargie par le reculement vers l’est du mur extérieur, permettent d’avancer qu’il y eût, dans ce travail, réunion de deux chapelles en une seule, et que l’emplacement occupé par les murs de fondation, au centre et à l’est, servit à déposer les tombes[1]. Cette nouvelle partie de

  1. Si l’on tire une ligne, à l’est, le long du mur extérieur des deux chapelles qui se trouvent dans le bras droit de l’église, du côté de la sacristie, cette ligne répand à la division de l’ossuaire indiqué par la