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finances[1]. Il prescrivit que les plaids ou parlements généraux se tiendraient quatre fois par année dans les différentes villes de ses États ; que la justice y serait rendue non plus par le comte entouré de ses prélats et barons, mais par ses jurisconsultes.

Le commerce avait déserté les routes du Mont-Cenis et du Simplon, conduisant d’Italie en Bourgogne, par suite des guerres qui rendaient ces passages dangereux ; il l’y ramena en se faisant assureur, envers les négociants milanais, des marchandises qui passeraient dans ses États. Il encouragea les faibles extractions de minerai qui avaient lieu, surtout en Savoie, dégagea les châtelains de toute obligation de cens ou fermage envers le comte, afin que la perception des impôts fût à l’abri de toute atteinte ; régla les taxes douanières et organisa un meilleur système monétaire, etc.

Ces pacifiques victoires sur l’imperfection des lois féodales ne furent troublées que par les sollicitations des souverains de France et d’Angleterre, demandant chacun l’appui du comte. En 1339 et 1340, il va combattre les Anglais en Flandre, sous la bannière de Philippe VI ; rentré dans ses États, il reprend ses travaux de réformateur.

C’est vers cette époque, qu’attristé par les souffrances, devenu pieux par l’exemple de sa femme qu’il suivait dans ses pèlerinages à Notre-banne de Bourg et à Saint-Claude, dans le Jura, semblant pressentir sa fin prochaine et pressé peut-être par le remords de ses premiers égarements, il s’adonna généreusement aux bonnes œuvres, créa ou gratifia diverses églises, et, pour rendre un religieux hommage à ses ancêtres déposés à Hautecombe, il voulut réunir leurs ossements dans un tombeau spécial.

  1. Cibrario, Specc. cron., p. 101.