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le nouvel ossuaire d’une vingtaine d’autres dépouilles mortelles (24 décembre 1342).

Contre les murs de la chapelle des princes, fut clouée sur des ais une chronique des souverains de Savoie que Guichenon y vit encore. Elle était écrite en français, sur parchemin, et commençait ainsi : S’ensuit la Généalogie des illustre seigneurs comtes de Savoie jadis, leurs prospérités, accroissements d’honneurs et titres de biens, et aussi de leurs adversités[1]. Dans cette enceinte, venaient s’agenouiller les fils de ces guerriers. C’est là qu’ayant sous leurs pieds les cendres de leurs ancêtres, devant les yeux le récit de leurs actions héroïques, ils se prosternaient devant l’auteur de toute gloire, lui demandaient de vaincre la brièveté de la vie et le deuil de l’oubli, en marquant leur passage ici-bas par le succès de leurs armes mises au service du droit et de l’honneur.

Profondément attristé par la perte de son épouse qu’il affectionnait vivement, et dont les qualités ont fait dire qu’elle était « ornée intérieurement et extérieurement de toutes les vertus, » Aymon prolongea une existence malheureuse pendant quelques mois encore et mourut, le 22 juin 1343, à Montmélian.

  1. Cette chronique finissait en 1391. Elle était, à ce qu’il paraît, le résumé de l’ancienne Chronique française, riche de renseignements et de faits, aujourd’hui perdue.
    Il y avait encore a Hautecombe une Chronique latine ou Obituaire, Cronica abbatiæ Altæcombæ, publiée de nos jours dans les Monum. Hist. patr. Ce n’est qu’un registre stérile et inexact de noms et de décès, auquel ou ne peut assigner une date antérieure au xive siècle. Elle fut probablement composée à l’occasion du transport des ossements des princes de Savoie dans la chapelle d’Aymon, car elle ne donne que les noms de ceux qui y sont déposés : Humbert III, Germaine de Zœringen et Boniface, archevêque de Cantorbéry, qui restèrent dans leurs tombeaux, n’y figurent point. Plus tard, on y ajouta les noms d’Amédée VI et d’Amédée VII, (Sic, Cibrario et Promis.