Page:Histoire de l'abbaye d'Hautecombe en Savoie.djvu/271

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 255 —

jusque sur Bonne de Bourbon, mère du défunt, à qui l’on prêtait un désir immodéré de conduire les affaires de l’État. Dans ce trouble des esprits qui demandaient vengeance, un infortuné paya pour tous, et il fut choisi parmi les plus infimes coopérateurs de ce sinistre : ce fut Pierre de Lompnes, dont nous avons raconté le supplice ailleurs[1].

Suivant le désir du défunt[2], son corps alla rejoindre ceux des autres souverains de Savoie dans la chapelle des princes. Le surlendemain du décès, il fut acheminé vers Hautecombe, accompagné du patriarche de Jérusalem, de l’évêque de Maurienne, des abbés d’Aulps et de Filly, et de plusieurs autres barons et chevaliers. Les populations l’honoraient sur son passage en offrant des cierges. Les habitants d’Hermance en présentèrent 12 ; les citoyens de Genève, 50 ; l’évêque, 10. Les curés des paroisses où passait le convoi venaient s’y joindre, et, arrivé près de Genève, il fut reçu par le chapitre de Saint-Pierre, qui lui vint processionnellement au-devant. Le corps fut déposé à la cathédrale où il passa la nuit, entouré de 160 cierges ; des psaumes furent chantés pendant la soirée et des messes dites le lendemain matin. Le 4 novembre, il fut transporté de Genève à Seyssel, accompagné de dix-huit curés. Le 5, jour de dimanche, il arriva à Hautecombe et fut enseveli avec les cérémonies d’usage, en présence des évêques de Genève et de Maurienne, des abbés de Saint-

  1. Suprà, p 232.
    Voir Le Sanglier de la forêt de Lonnes, par Replat.
  2. Manifesté dans son testament fait à Ripailles, dans sa chambre à coucher, le jour même de sa mort, 1er novembre 1391. (Guichenon, Savoie, Preuves, p. 232.) — Bonne de Bourbon, sa mère, avait transporté sur les bords du Léman la résidence d’été des comtes de Savoie, qui était auparavant sur les bords du lac du Bourget