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constructions et réparations qu’il y avait fait opérer[1].

Pendant sa prélature et celle de son prédécesseur, Jean de Rochefort, plusieurs fois les eaux du lac furent sillonnées par la flottille ducale cinglant vers l’abbaye. Elle transporta, après les dépouilles mortelles du Comte-Rouge, celles de plusieurs membres de la descendance d’Amédée VIII.

Ce prince, né à Chambéry, le 4 septembre 1383, monté sur le trône en 1391, comte pendant vingt-cinq ans, duc pendant vingt-quatre ans, pape pendant dix ans, puis cardinal et légat du Saint-Siège pendant dix-huit mois, appelé le Salomon de son siècle, mourut à Genève, le 7 janvier 1451. Bien que, dans son testament, il eût déclaré vouloir être enseveli à Hautecombe, dans le tombeau de ses ancêtres, il le fut sur les bords d’un autre lac, dans l’église de son ermitage de Ripailles[2]. Les Bernois ayant dévasté son mausolée lors de leur invasion de 1536, ses ossements, recueillis en secret par la famille de Merlinge, furent

  1. Hist. de Bresse, IIIe partie, continuée, p. 182.
  2. Les Augustins lui élevèrent un somptueux tombeau de marbre blanc : une vieille bible en parchemin fut déposée sous sa tête, en guise d’oreiller.
    Son testament est daté de Ripailles, le 6 décembre 1439. Il y recommande son âme à Dieu, aux anges et aux saints, et ordonne que son corps, moins son cœur, soit transporté, avec les honneurs qui lui sont dus, dans le monastère d’Hautecombe, et déposé dans la chapelle située au-dessous de l’église et construite depuis longtemps par ses ancêtres. Son inhumation s’y fera au milieu des prières et des aumônes, et il défend qu’on l’ensevelisse ailleurs, quel que soit le lieu ou il mourra. Quant à son cœur, il veut qu’on le place devant le maître-autel de l’église du monastère de Ripailles, de l’ordre de Saint-Augustin, fondé et doté par lui. Il ordonne, en outre, que sa sépulture et ses obsèques soient dignement célébrées dans l’église du monastère d’Hautecombe dans l’année qui suivra son décès. (Guichenon, Preuves, p. 303).